Vous en aviez peut-etre entendu parler. Green Climbers Home, un camp de grimpeurs au Laos entièrement détruit par un incendie un soir de réveillon...
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31 décembre 2012: deux ans de travail détruits en quelques minutes.... |
Nous sommes le 31 décembre 2012. Le temps est orageux dans le petit village de Thakhek et le feu d'artifice prévu pour le réveillon à Green Climbers Home tourne mal. Le toit en chaume de la batisse centrale s'embrase. Les flammes poussées par le vent atteignent les bungalows et les dortoirs. En quelques minutes, Tanja et Uli, les propriétaires du camp, voient deux ans de travail et plusieurs dizaines de milliers d'euros d'investissement disparaitre...
Aussitôt, un mouvement de solidarité se structure. Fédérations sportives, entreprises, clubs, particuliers se mobilisent. Des dons du monde entier affluent vers le Laos pour aider Tanja et Uli à recontruire leur camp. Grimpeurs Sans Frontières y prend part (voir
Operation Phoenix). Des dizaines de grimpeurs se rendent sur place pour donner un coup de main sur le chantier.
Un an et demi plus tard, me voilà au portail de Green Climbers Home.
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Le camp à present entièrement reconstruit dans un cadre à couper le souffle |
Tanja et Uli ont tout reconstruit. Un restaurant, deux grands dortoirs, 10 superbes bungalows sur pilotis et un parterre de tentes. Le tout en à peine un an. Le camp est étincellant. Et bondé.
Car en en quelques années, Thakhek a su bâtir sa renommée parmi les grimpeurs. Découvert par une expédition allemande à la fin des années 1990, ce spot aux formations calcaires spectaculaires est resté quasiment inconnu jusqu'à l'arrivée de Tanja et Uli. Convaincus du potentiel du site, ils s'associent en 2007 à un investisseur local,Green Discovery, et commencent la construction des bâtiments et l'équipement des voies.
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Des plafonds dans le 6e degré c'est possible? Ici, oui! |
Aujourd'hui, Thakhek est un site majeur de dimension internationale. Il compte plus de 200 voies en dalle, vertical, devers et plafonds. L'escalade y est superbe, faite de grandes envolées souvent plus endurantes que techniques. Le rocher est en effet troué comme un gruyère et dégouline de colonettes. Les bacs et coincement de genoux sont partout (je ne me rappelle pas avoir serré une seule réglette en dessous de 8a!) et rendent accessibles d'immenses plafonds aux grimpeurs de 6b/c!
Seule ombre au tableau, l'esprit très "commercial" des propriétaires du lieu. Un camp de grimpeurs, ce n'est pas qu'un dortoir entouré de slacklines. C'est aussi un certain esprit de liberté et de confiance qui doit régner entre les propriétaires, leur staff et les grimpeurs. A trop de reprises, cet esprit a manqué. Plusieurs grimpeurs m'ont confié avoir eu l'inconfortable impression d'être des portefeuilles sur pattes. Les prix, certes très raisonnables aux standards occidentaux, sont exagérément gonflés par rapport aux prix locaux. Au moment de régler mon séjour, j'ai eu la désagréable surprise de trouver quelques paquets de cigarettes jamais commandés discretement glissés dans l'addition. Je ne m'en serais d'ailleurs jamais rendu compte si la même chose n'était pas arrivée à deux de mes amis la veille de mon départ...
Cet aspect business que tant de grimpeurs fuient est certes dommageable mais il n'enlève rien à la beauté des lieux, de la grimpe et des rencontres que j'ai pu faire à Thakhek.
Après 4 semaines qui m'ont semblé quelques heures, je referme ému le portail de Green Climbers Home. Ce spot, définitevement majeur, vaut largement le détour depuis la Thailande (où vous seriez venu pour, par exemple, grimper à Tonsai ;-) Et que tous ceux qui ont contribué à la renaissance de ce lieu se rassurent: Thakhek est plus que jamais une affaire qui roule!
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Des lignes majeures, des rencontres précieuses... Le reste s'oubliera bien vite! |
Pour plus d'informations:
- Le site de Green Climbers Home où vous trouverez toutes les informations sur le site, les modalités d'accès et d'hébergement